"Quand on est à la rue, les livres permettent de créer une bulle"

Kenny, membre du Comité de la rue, nous parle d'une de ses passions lorsqu'il était dans la rue : les livres !

De quoi as-tu décidé de nous parler aujourd’hui ?

De livres et de littérature, parce que j’ai toujours aimé ça ! J’ai su lire avant d’écrire !

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Kenny en train de lire[/caption]

Comment tu faisais pour lire dans la rue ?

J’allais soit dans les bibliothèques, soit j’en trouvais chez les assistantes sociales. Quelques voisins sympas que je connaissais m’en donnaient aussi. Dès que des voisins se posaient à côté de nous, on finissait forcément par parler de littérature. Et moi j’aimais bien proposer « tu me prête un bouquin, je te prête un bouquin » !

Là, la semaine dernière, on m’a prêté un livre : « la troisième humanité » de Weber, c'est sa dernière trilogie. J'adore Weber, j'avais adoré "Les Fourmis".

Pourquoi c’est important les livres quand on est à la rue ?

Parce que le temps ne passe pas de la même manière : c'est vraiment la relativité du temps. C’est une bulle, ça permet de s’isoler : il y a des gens qui ont un casque avec de la musique, et d’autres qui ont les livres. Notamment, la science fiction : pour s’évader, il n’y a rien de mieux qu’une histoire qui ne peut pas exister !

Tu lisais quoi comme type de livres ?

J’aimais bien la comtesse de Ségur avec les collections bleues, vertes…dans ma famille d’accueil quand j’étais petit, l y avait une grande bibliothèque. Le premier gros bouquin que j’ai attaqué c’est « le monde en 80 jours » de Jules Vernes, quand j’avais 8 ans.

En grandissant, mes goûts ont changé, j’étais plus « policier, roman noir… »

Qui est ton écrivain préféré ?

J’en ai deux ! George Simenon pour tous les Maigret.

Et j’adore aussi Richard Wright, c’est un écrivain noir américain qui est né dans les années de la ségrégation raciale, il a écrit le livre « black boy » qui raconte son histoire., et « Small soldiers », traduit en français par « birhaima l’enfant soldat », que j’ai adoré.

Le premier bouquin que tu as lu dans la rue ?

L’Encyclopédie du savoir relatif et absolu de Bernard Werber. C’est un livre qui explique une philosophie de vie, avec tout un tas d’énigmes, de problèmes avec leurs solutions, sur les problèmes de la vie courante.

Pourquoi on ne pense jamais à offrir de livres aux SDF ?

C’est encore un stéréotype qu’il faut combattre : « le SDF n’est pas cultivé, il ne cherche pas à se cultiver ». Si les gens font plus attention quand ils croisent des personnes SDF dans la rue, ils vont remarquer que les SDF qui font la manche ont souvent un livre à la main !

Si t’avais un message à faire passer au grand public ?

Privilégier le papier : on a plus de sensation !

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