Alors que le Président Emmanuel Macron affirmait en 2017 vouloir atteindre l’objectif “zéro SDF”, la réalité est toute autre. En 2012, l’Insee estimait à 143 000 le nombre de personnes SDF en France. En 2024, ce chiffre est de 350 000, selon La Fondation pour le logement. Autrement dit, il s’agit d’un triste record aux conséquences lourdes dans l’histoire française .

Ces chiffres ne sont pourtant que la partie émergée de l’iceberg et sont largement sous estimés, même si l’acception de la notion de SDF par l’Insee est large.

Evidemment, les chiffres donnés ici sont à prendre avec du recul, compte tenu de la difficulté du recensement d’une population nomade qui a tendance à se cacher pour éviter les regards et la stigmatisation.

Sans-abrisme en France : un phénomène qui touche toutes les couches sociales

Qui dit augmentation de la population SDF, dit diversification. Et effectivement, le sans-abrisme et le mal logement touchent des populations déjà précaires mais aussi des franges de la population qui étaient jusque là épargnées.

Migrants et demandeurs d’asile : surreprésentés parmi les SDF en France

Les non ressortissants de l’UE représentent une grande partie de la population SDF en France. En effet, la précarité de leur statut pose énormément de conditions (d'âge, de titres de séjour, etc) ne leur permet pas de pouvoir accéder à tous les droits sociaux (logements sociaux, RSA, chômage, etc).

Cette catégorie de la société englobe des profils divers et variés. Il peut autant s’agir de bénéficiaires de la protection internationale (réfugiés, apatride, bénéficiant de la protection subsidiaire), de demandeurs d’asile, de déboutés de l’asile ou encore des étrangers qui n’arrivent pas à accéder aux préfectures afin de faire examiner leur situation administrative.

Leur précarité administrative les exclut de nombreuses structures d’accueil et d’hébergements et met en péril le principe d’inconditionnalité de l’accueil et de l’effectivité de l’accès aux droits.

Cette proportion de personnes nées hors UE au sein de la population SDF en France est révélatrice de la crise de l’accueil (mal-logement, hébergements d’urgence saturés, habitations à loyer modéré insuffisantes, etc) qui s’est opérée en France.

Car loin d’avoir “pris la place” des personnes SDF françaises en centre d’hébergements, cette population est doublement victime.

Femmes et enfants sans-abri : une augmentation inquiétante en France

Si une grande part de la population SDF est masculine, la part des femmes mais aussi des enfants sans-abris ne cesse d’augmenter. C’est une catégorie relativement nouvelle : les personnes SDF en famille.

En 2012, les femmes ne représentaient que 2% de la population SDF selon l’Insee. Ce chiffre passe à 12% en 2023, selon le Samu Social.

Le nombre d’enfants à la rue a nettement augmenté en l’espace de quelques années. C’est ce que révèlent les nombreux rapports et études en la matière.

Par exemple, selon le Baromètre “Enfants à la rue” de l’UNICEF, en août 2024, quelques jours avant la rentrée scolaire, 2043 enfants étaient sans solutions d’hébergement. Parmi eux, 467 avaient moins de trois ans. C’est une augmentation de 120% comparé à 2020 qui comptait 927 enfants à la rue.

N’oublions pas que les femmes sont souvent garantes de leurs enfants. Alors quand le nombre de femmes à la rue augmente, celui des enfants aussi. Cette surreprésentation des femmes à la rue va donc de pair avec celle des enfants et posent de grandes questions sur l'état du tissu social et de l’inclusion en France.

“Cette augmentation incessante du nombre d’enfants sans abri est une tragédie. Pour la sixième fois, notre baromètre révèle une dégradation constante de la situation, en ‍, que la France a ratifiée”, Adeline Hazan, présidente de l’UNICEF France.