Nous avons eu plusieurs occasions pour montrer l’ampleur du problème du sans-abrisme en France. Les chiffres des personnes SDF donnent parfois le vertige. Mais comment interpréter ces chiffres ?
Car les statistiques peuvent avoir une dimension déshumanisante. Selon la professeure de politique sociale, Ruth Lister, les chiffres ne permettent pas de reconnaitre les droits et facultés d’agir des personnes en grande précarité.
Donc derrière ces chiffres, ce sont des visages, des humains, des enfants, des bébés, des histoires qui dorment à la rue le soir. Et les conséquences sont lourdes. Le sans-abrisme ne se résume donc pas à une crise humanitaire : il est aussi le reflet d’un échec collectif, avec des conséquences dramatiques sur la santé physique, mentale et sociale des personnes concernées.
Pauvreté, isolement social et honte : la souffrance sociale des sans-abris
Selon la recherche de l’OCDE et ATD Quart Monde, intitulée “Les dimensions cachées de la pauvreté”, il existe un lien fort entre pauvreté et honte, particulièrement chez les enfants.
Souvent, les mères portent ce fardeau et cette culpabilité. Cela engendre une réelle douleur sociale et psychologique (absence de dignité, sentiment d’inadaptation, mauvaise estime de soi, etc). On parle alors de violences sociales et institutionnelles, en soi des violences invisibles.
Cette stigmatisation des personnes à la rue est à l’origine d’un isolement et d’une exclusion sociale, qui entraine de nombreux problèmes de santé mentale et physique (accidents cardiovasculaires, anxiété, dépression, etc).
La société civile et particulièrement chez Entourage, nous visons à combattre cet isolement social vecteur de souffrance.
Le sans-abrisme : des conséquences lourdes sur la santé physique et mentale
Beaucoup d’obstacles sont présents entre les personnes à la rue et l’accès à la santé. Qu’il s’agisse du manque d’informations, des difficultés d’accès réguliers aux dispositifs sanitaires, de l’impuissance des médecins, d’absence de couverture maladie, ces éléments sont à l’origine de lourdes conséquences sur la santé des personnes à la rue.
Impact des conditions de vie sur la santé physique des personnes sans-abri
Il n’existe pas de maladies atteignant spécifiquement les personnes SDF. Cependant, la prévalence de maladies comparé au reste de la population est indéniable.
Selon une étude de 2009, intitulée SAMENTA, les personnes sans domicile fixe présentent une plus forte prévalence de maladies cardiovasculaires (4,3%), d’hypertension (5,2%), respiratoires (7,4%), de maladies du système digestif (3,8%), du foie (2%), etc.
Ces risques sanitaires engendre un vieillissement précoce caractérisé par l’apparition prématurée de maladies chroniques et dégénératives.
Les conséquences sont lourdes. En effet, l’espérance de vie des personnes à la rue est tristement inférieure à la moyenne nationale. Les femmes à la rue ont une espérance de vie de 46 ans et 50 ans pour les hommes contre plus de 80 ans pour le reste de la population, soit un écart de plus de 30 ans !
Vivre à la rue : l'impact dévastateur sur la santé mentale
Vivre à la rue a aussi des conséquences sur la santé mentale.
Toujours selon l'étude SAMENTA de 2009, 31,5% des personnes à la rue présentent au moins un trouble psychiatrique sévère.
Parmi ces troubles, 13,2% souffrent de troubles psychotiques (schizophrénie), 12,3% souffrent de troubles anxieux et 6,7% souffrent de troubles sévères de l’humeur.
21,8 % des personnes sans logement déclarent également avoir tenté de se suicider au cours de leur vie, un chiffre nettement au-dessus des 7,2% du reste de la population, selon le 3114.
Car les personnes à la rue sont confrontées à une plus grande violence (physique, psychologique, sexuelle), ont plus de chance de se faire agresser, et vivent dans des conditions de stress constant.
Morts à la rue : des chiffres en forte hausse
Au-delà de ce que nous venons d’expliquer, la rue tue. Et les chiffres sont sans appel. Selon le dernier rapport du Collectif Les Morts de la Rue (CMDR), 735 personnes SDF sont mortes en 2023, encore une fois un malheureux record.
Pour mettre cela en perspective, en 2012, le CMDR comptabilisait 406 décès à la rue.
Ajoutons que, même si les hommes restent majoritaires (86%), les femmes représentent 12% des morts à la rue – contre 10% en 2012. Et que les personnes de moins de 15 ans représentent 2% et 5% pour les personnes âgées de 15 à 25 ans.
Enfin, les personnes SDF nées hors UE représentent, elles, 38% des morts à la rue en 2023.
Si ces chiffres sont encore à prendre avec du recul (détérioration des conditions de vie, amélioration des techniques de recensement, etc), ils restent tristement spectaculaires et permettent de rendre compte d’une réalité invisible et destructrice.

Lutter contre le sans-abrisme : comment agir et mieux orienter ?
Chez Entourage, nous sommes pleinement conscients de notre rôle : nous ne sommes pas travailleurs sociaux et ne nous substituons pas aux dispositifs d’accompagnement existants. En revanche, nous nous engageons à être un relai d'information fiable, pour aider chacun à mieux comprendre les aides disponibles et à se repérer dans les démarches sociales souvent complexes.
S’engager dans des associations qui viennent en aide aux personnes SDF
Pour lutter contre le sans-abrisme, il est déjà possible de donner de son temps. Car les personnes à la rue ont, comme chaque être humain, besoin de contact et de lien social. Qu’il s’agisse d’une heure tous les mois ou de trois jours par semaine, le tout est de commencer, de “faire” et si possible de “faire ensemble” car le “faire” amorce le “dire”.
Différentes associations proposants des maraudes alimentaires ou sociales existent partout en France et recherchent des bénévoles. Vous trouverez toutes les infos nécessaires à votre engagement ici.
Vous pouvez aussi venir créer du lien social avec Entourage Local, en participant à une de nos nombreuses activités via notre application solidaire. Entourage Local vise à lutter contre l’isolement social des personnes les plus vulnérables, en organisant des lieux de rencontres immatérielles, qui mettent au centre le lien social.
Grâce à ce réseau vraiment social, vous pouvez venir chanter, jouer à la pétanque ou encore “dépanner” un voisin dans le besoin.
Le petit plus de cette plateforme ? Une totale autonomie. Organiser votre temps bénévole comme vous le souhaitez. Entourage a mis à disposition une plateforme qui est faite pour évoluer avec les bénévoles et les bénéficiaires des services. Le lien social se crée même ici.
Si vous voulez vous impliquer encore un peu plus, vous pouvez devenir ambassadeur Entourage ou encore coach Entourage Pro.